Des difficultés malgré tout !

Les constats de l’OCDE, en mathématiques, Pisa 2009 et Pisa 2012, sont sans appel

L’étude de l’OCDE (rapport Pisa 2009) nous précise que, en France, 22,5 % (+ 9 % par rapport à 2006) des élèves scolarisés à 15 ans sont en difficulté en math (niveau 1 sur 6) dont 9,5% (+ 13 %)sont en très grande difficulté (en dessous du niveau 1). Près d’un quart de la population scolaire est donc touchée (Vigier, ANAE, 2009). Ces chiffres nous placent au 36ème rang des pays de l’OCDE et associés ; La situation se dégrade tout au long des enquêtes Pisa, 2000, 2003, 2006 et 2009. De fait, 150 à 180 000 élèves (y compris les échecs au bac) ‘décrochent’ chaque année, sans aucun diplôme ; les mathématiques sont en grande partie responsable de ce découragement et des exclusions qui en résultent. C’est une situation vraiment catastrophique, indigne d’un pays développé, qui plus est, d’une terre de culture ! Cette situation s’aggrave. La France est ainsi le pays qui a le plus régressé entre 2003 et 2006 (- 3 %, OCDE 2006). Les conséquences sur le plan social, culturel, économique sont incalculables !

 

Pisa 2012

Parmi les 65 pays la tendance baissière concerne plusieurs pays. Cependant tous les pays en baisse ont des scores plus ou beaucoup plus élevé que la France, score moyen de 495, sauf la Suède, qui s’effondre avec un score de 478, la Slovaquie (482), et l’Islande (493). Conclusion : La France est très mal placée depuis 2000 et continue à régresser tout au long des rapports triennaux. L’Allemagne, elle, suit le chemin inverse et progresse régulièrement depuis 2000, et se situe loin devant la France.

Pour les élèves en Très Grande Difficulté en Calcul (OCDE, niveau <1) notre pays pointe à la 33ème place, sur 65 ; la Russie, comme nous l’avions annoncé, passe devant nous. Cette catégorie est particulièrement importante car elle est une mesure de l’exclusion scolaire.

Pour les élèves au moins en Difficulté en Calcul (OCDE, niveau <1, 1 et 2 cumulés) notre pays pointe est à la 25ème place, sur 65 ; cette catégorie concerne 44,5 % d’élèves soit un sur deux environ.

Pour les élèves Bons ou Très Bons (OCDE, niveau 5 et 6, au contraire de ce qui est souvent affirmé dans les médias, notre pays régresse, là aussi, entre 2006 et 2009, de 13,7 % à 12,9 % et de la 18ème place à la 21ème.

Le creusement du fossé entre les extrêmes se vérifie en Maths, mais aussi en compréhension de texte et en sciences. C’est une alerte rouge pour la cohésion et le développement du pays. L’OCDE, en termes diplomatiques, le rappelle enquête après enquête (pour plus d’informations, voir le lien en fin de page).

Pisa 2015 va être publié en cette fin d’année 2016. Un renversement de tendance n’est pas attendu.

Etude Pisa 2012 MV

 

L’Education Nationale (Thierry Rocher DEPP, 2008) mesure un effondrement dans le niveau mathématique, en CM2 entre 1987 et 2007

La Direction de l’Evaluation, de la Prospective et de la Performance, compare les performances en calcul des élèves de CM2 en 1987, 1999 et 2007.

Etude EN 1987-20087

La baisse de la moyenne est importante entre 1987 et 1999 ; la situation s’est encore dégradée entre 1999 et 2007 mais moins fortement. Le plus étonnant c’est ce dédoublement de la courbe de Gauss entre deux catégories d’élèves, les bons élèves et la masse des autres .

Figure 1 : Evaluations comparées 1987 – 2007 en CM2:

Rémi Brissiaud1, en 2012, fait une étude, sur cette enquête :

« Cette enquête peut être considérée comme une expérimentation en double aveugle, d’où son importance comme preuve irréfutable de l’effondrement des niveaux ; la baisse est de 0,66s, ce qui correspond à une année d’école. La raison, évoquée par l’auteur, tiendrait dans l’introduction de l’apprentissage du comptage-numérotage en maternelle dans les années 1980. Cette erreur pédagogique en est probablement une explication majeure.

Etude DEPP 2008

L’enquête INSEE, IVQ 2011, publiée en 2012, établit un constat alarmant pour les adultes en mathématiques

Les résultats sont tellement surprenants que l’on a du mal à y croire : 70 % des adultes en France sont en difficulté en calcul !

Comment pourrait-il en être autrement lorsque l’on sait que le niveau scolaire en calcul et en maths diminue, régulièrement, depuis les années 1980, ce qui est constaté et mesuré depuis 2000 par les études Pisa et depuis 1987 par l’Education Nationale. Le socle commun pour tous n’est pas une réalité ; l’objectif semble même s’éloigner d’année en année, selon l’OCDE !

Cette étude INSEE, mêle des données sur l’illettrisme et l’innumérisme.

L’INSEE publie un tableau des personnes à l’aise en calcul, suivant leur date de naissance et l’évolution entre 2004 et 2011. Nous en déduisons le tableau des personnes qui ne sont pas à l’aise en calcul.

Les français qui ne sont pas à l’aise en calcul, performances médiocres ou préoccupantes, en 2004, ils sont 68 %, en moyenne, en 2011, ils sont 70 % en moyenne, les adultes nés après 1987, sont, eux, 67 %, soit un taux supérieur aux jeunes adultes au travail, qui ont quitté l’école depuis quelques années.

Adultes « qui ne sont pas à l’aise en calcul » 2004-2011 :

Que veut dire « à l’aise en calcul » ?

Cela veut dire que l’on maîtrise la numération, les 4 opérations et la proportionnalité, pourcentages et fractions !

Les français, donc, dans leur grande majorité, ne savent pas calculer un pourcentage (à part les 50 % des soldes), sont incapables d’effectuer un petit calcul mental, ont le plus grand mal à résoudre une situation de la vie faisant appel à la multiplication ou à la division et, bien sûr, à la proportionnalité en général.
La situation, en fait, est dramatique, deux jeunes français sur trois ne sont pas à l’aise en calcul ! La situation s’arrange très légèrement entre 30 et 40 ans mais c’est sous la pression du travail quotidien. On voit bien que l’école ne tient pas ses objectifs en calcul !

INSEE 2012 Difficultés des adultes

 

L’enquête PIAAC de l’OCDE publiée en 2013, confirme, pour la France, la situation dégradée en maths, déjà décrite pour les adultes par l’INSEE

On connaît les rapports Pisa triennaux, depuis l’année 2000, dont celui de 2012 sur le niveau culturel des enfants de 15 ans ; tout à fait logiquement, l’OCDE se penche sur les niveaux des adultes de 16 à 65 ans, pour la première fois cette année. Cette enquête concerne 23 pays de l’OCDE (dont Chypre, qui n’est pas adhérent).

L’Evaluation Internationale des Compétences des Adultes (PIAAC en anglais) de l’OCDE en 2013 mesure la maîtrise des compétences en littératie, en numératie et dans les traitements de l’information avec des environnements à forte composante technologique (TIC, technologies de l’information et de la communication).

En numératie et en littératie aussi, le classement de la France parmi les 23 pays de l’OCDE est très mauvais ; elle occupe systématiquement, quel que soit le critère mesuré, une des cinq dernières places avec l’Italie, l’Espagne et Chypre. Tous nos autres partenaires sont devant.

PIAAC nous apprend aussi que le score moyen des adultes français est très « significativement » en dessous de la moyenne des autres pays.

Adultes en très grande ou grande difficulté en calcul (niveaux <1 et1 sur 6 niveaux) :

Le lien, entre les compétences en compréhension de textes et en mathématiques, d’une part, et la réussite économique, d’autre part, est établi, que ce soit au niveau individuel ou à celui d’un pays.

L’OCDE fait le lien, en préambule, entre la culture et les performances économiques des états. Chacun sait que l’on construit sa vie avec ce que l’on sait faire et que les compétences acquises influent sur son déroulement. Dans tous les pays les individus qui ont des compétences moindres, ont une moins bonne santé, participent moins aux processus politiques, sont moins impliqués dans des actions associatives ou bénévoles, font moins confiance aux autres, ont des salaires moindres, sont plus souvent au chômage.

Etude Piaac 2013 MV

1 Brissiaud (R), Dyscalculiques ou « mal débutés », Dyscalculie et innumérisme : troubles du calcul ou enfants troublés par les maths, revue ANAE décembre 2012.